Tranche de vie #2 : mon métier

Je vous retrouve aujourd’hui pour partager avec vous un petit bout de ma vie : mon métier.

Autant vous le dire tout de suite, il n’a rien à voir avec le domaine littéraire, même dans son sens le plus large ! Mais le blog, et plus récemment instagram m’ont permis de rencontrer beaucoup de blogueurs(ses) et parfois arrive LA question fatidique : « et sinon, tu fais quoi ? T’es en étude ? Tu bosses ? Dans quel domaine ? ». Et là, autant vous dire que je fais la tronche. Pas parce que je n’ai pas envie de vous le dire, mais surtout parce que je réponds : « adjointe technique en recherche et formation » (pour être rigoureuse je devrais même ajouter « principal 2ème classe » mais bon, on ne va pas chipoter !) Soit le truc le plus pompeux du monde !

Alors, qui sait ce que ça signifie ? On ouvre les paris ? 🎲

Et si je vous disais « laborantine » ou « aide labo » ? Bon au moins, vous situez le contexte : les sciences ! Le tout dans la fonction publique et plus précisément l’Education nationale. Bizarre quand on sait que je n’étais pas du tout scolaire (ça se ressent dans la gestion du blog, non ? 😂) … Alors avant de vous expliquer ce que je fais, j’ai bien envie de vous parler de mon parcours un peu bordélique.

~ Le parcours ~

Après une seconde générale, j’ai demandé à passer dans une 1ère littéraire. Je ne savais pas encore ce que je voulais faire « plus tard » mais j’adorais le français, le latin et l’anglais et je me sentais vraiment à l’aise dans ce milieu. Sauf que je n’étais malheureusement pas mauvaise dans les matières scientifiques, ce qui a valu beaucoup de blabla entre mes professeurs et mes parents. Et pouf, me voilà parti en S !

Je vous passe les épisodes de SI puis de S classique et de redoublement pour en venir au fait que je me suis vraiment accroché pendant 2 ans pour avoir le bac et en terminer avec ses études qui ne me plaisaient pas. Est arrivé alors le dilemme de 70% des terminales : que faire après le bac. Un bac S en poche, la découverte de la philo que j’avais détesté… va pour des études supérieures scientifiques et bonjour le DUT chimie !

1ère année de DUT = pire année d’études de ma vie ! Les mentalités, les matières, TOUT a été d’une horreur sans nom. Mais je ne voulais pas encore perdre une année et je ne savais pas quoi faire d’autre alors je me suis accrochée pour passer en 2ème année où nous avons pu choisir une spécialité. J’ai donc pris ce qui me paraissait le plus concret : les matériaux. Et enfin j’ai commencé à apprécier mes études !

Après le DUT j’ai très vite trouvé du travail dans une entreprise de plasturgie : mon domaine préféré ! Je me suis alors retrouvée face à la dure loi de l’entreprise, du statut de l’employé mais surtout de celui de « technicien ». J’ai eu alors la première expérience professionnelle (hors jobs d’été) que je ne souhaite réellement à personne. Parce que quand vous démarrez dans la vie active en faisant face à un ingénieur qui vous dit que « tu es technicien et donc tu fais ce qu’on te dit, les questions c’est nous qui nous les posons » alors que je cherchais seulement à faire correctement mon travail, merci bien mais au revoir !

~ Mes débuts dans l’Education nationale ~

En discutant de cette situation autour de moi, l’une de mes amies, alors étudiante en BTS dans un lycée, m’a glissé que ses profs de sciences recherchaient quelqu’un pour travailler dans les labos du lycée. Puisque je ne connaissais que le milieu industriel, j’ai quand même pas mal tergiverser avant d’aller au lycée prendre des informations sur ce fameux poste.

A peine suis-je arrivé là bas qu’on s’est renseigné sur mes compétences, fait visiter le lycée et les labos, parlé très vite du boulot et demandé à partir de quand je pouvais commencer. Oui, parce qu’il fallait remplacer un départ en retraite dans les trois jours suivants et le rectorat n’avait trouvé encore personne. Merci la facilité de l’intérim et les petits contrats, j’ai décidé de ne pas renouveler où j’étais et suis partie deux jours plus tard signer un CDD de 9 mois dans ce lycée.

Au delà du travail qui demande une polyvalence incroyable mais qui est assez gratifiant, c’est surtout l’ambiance de travail qui m’a convaincue. Pas de pression de chiffres, de clients mécontents, de responsabilités budgétaires à donner le tournis, il suffit d’une bonne communication et d’être organisé pour travailler dans des conditions agréables. Que demander de plus ?

Au bout des 9 mois, puisqu’on n’était en pleine période des grandes vacances, je n’avais plus de contrat. J’ai donc retenté de travailler dans le privé, en choisissant cette fois mes candidatures avec soin. J’ai eu la chance de trouver un poste dans un laboratoire de recherche d’un groupe mondialement connu qui bosse sur les matériaux. Mais après un mois chez eux, le soulagement que j’ai ressenti en voyant le numéro du lycée s’inscrire sur mon téléphone a eu le dernier mot.

J’ai donc refait 10 mois en tant que contractuelle avant de passer le concours d’Adjoint technique en recherche et …. bla bla bla en BAP B, c’est à dire en physique-chimie et sciences des matériaux. Au programme, 3 épreuves : d’abord le dossier à remplir et renvoyer qui est noté, puis un écrit de 3h, et enfin un oral de 20 minutes devant un jury de 5 personnes. Et après beaucoup de stress, j’ai eu l’énorme chance de l’avoir du premier coup.

Avoir le concours c’est bien, mais on ne choisit pas son affectation. J’ai eu beaucoup de chance (oui, oui, encore !) d’être missionnée dans un établissement à dix minutes de chez moi (oui parce que j’aurais pu me retrouver à 100 km et là c’était carrément plus chiant !) et j’y travail depuis septembre 2017.

~ Et il consiste en quoi ce boulot ? ~

Il faut savoir que mon métier existe principalement en lycée et en fac. Et des matières scientifiques, il y en a plein : physique, physique appliquée, chimie, biochimie, biologie, microbiologie, SVT, géologie etc. L’inconvénient du concours, c’est qu’on peut se retrouver à bosser dans n’importe quelle matière ; en gros, on vous met là où il y a besoin de monde. Pour ma part, j’ai eu un poste double : physique-chimie (général et professionnel) et SVT (général). Mais surtout, je travaille seule, ce qui m’a demandé un temps d’adaptation au départ.

Au sens extra-large, voilà mes attributions :

  • Mettre en place le matériel demandé par les professeurs pour les travaux pratiques et vérifier qu’il fonctionne
  • Débarrasser à la fin des TP
  • Nettoyer et ranger le matériel

En réalité, je m’occupe également :

  • Du planning des salles qui changent quotidiennement en fonction des emplois du temps des profs et de ce qu’ils demandent pour leurs séances
  • Des petites courses (par exemple des colorants alimentaires, des poireaux ou des compresses, utiles pour les expériences)
  • Des commandes chez les fournisseurs (contact, devis, récupération de commande, retour si produits défectueux), de la gestion des budgets et la rencontre avec les commerciaux
  • Du rangement des différents labos mais surtout des produits chimiques qui, pour des raisons de sécurité, doivent être stockés dans des conditions bien précises et très strictes
  • De toute la partie administrative : fiche de poste, planning, inventaire, fiches de sécurité pour les produits, bons de commande, archivage, document unique, mise en place de dossier pour des demandes de matériel spécifique, étiquetage de chaque produit et de chaque armoire pour qu’une personne extérieure puisse s’y retrouver
  • De tout ce qui touche à la sécurité : le recyclage des déchets chimiques récupérés après les TP, la mise aux normes de l’ancien matériel, la maintenance de chaque appareil et la réparation quand c’est nécessaire mais aussi la vérification que les normes de sécurité soient respectées ; douches de sécurité et extincteurs présents et fonctionnels, équipements de protection en bon état et en nombre suffisant (gants, lunettes de protection, blouses)…
  • Les tests des nouveaux TP, sur demande des professeurs, ou du nouveau matériel fraîchement arrivé
  • La partie informatique ; avant d’appeler l’informaticien du lycée, je dois voir si je peux régler le(s) problème(s) moi même en agissant sur les logiciels, les vidéoprojecteurs, les PC, les imprimantes …
  • L’encadrement des élèves si le professeur souhaite que je lui donne un coup de main ou si les élèves souhaitent, pour un exposé par exemple, faire une manipulation particulière en petit groupe
  • La gestion des impressions 3D (spécifique à mon établissement)

Et tout ça en collaboration avec les OP, l’intendance et l’administration. Autant dire que pour ce métier, il faut allier diplomatie, patience, communication et polyvalence.

~ Les questions techniques et pratiques ~

Maintenant, voici la question qui doit vous titiller depuis que vous avez lu « Education nationale » : le nombre d’heure. En fait, j’ai un nombre d’heures définies à faire sur l’année : 1607. Dans les textes, je dois être présente au maximum lorsque les élèves et les professeurs sont dans l’établissement, donc pendant les périodes de cours, sans dépasser 43h par semaine, ce que j’ai choisi de faire. Mais ce nombre d’heure n’est pas suffisant pour remplir mon quota. Je fais donc des « journées de permanence », c’est à dire que je vais travailler quelques jours pendant les vacances scolaires. Certes ces journées sont allégées en temps de travail mais elles me permettent de me mettre à jour dans ce que je n’ai pas le temps de faire d’habitude (bien souvent le rangement et l’administratif), et de préparer la rentrée suivante.

Attention, ne pensez pas que je suis payée en fonction du nombre d’heures que je fais dans le mois, ce n’est pas comme dans le privé. Dans mon cas, peu importe que je sois en vacances ou que je bosse à temps plein, mon salaire est basé sur un 35h et lissé sur 12 mois donc je gagne toujours la même chose. Bien sûr, je ne vous donnerais pas de chiffre, d’abord parce que c’est privé, ensuite parce que tous les aides labo ne gagnent pas la même chose. La magie du travail public, c’est qu’il existe beaucoup de spécificité qui entrent ou non en compte dans le calcul du salaire ; les responsabilités, l’éloignement du logement, le nombre d’enfants etc.

~ La gestion du blog au milieu de tout ça ~

Peut être que maintenant vous comprenez pourquoi il est parfois difficile pour moi de gérer convenablement le blog, la chaîne et les réseaux sociaux lorsque je travaille. 43h par semaine, ça se fait, mais pas sans fatigue ni sans une bonne organisation, ce qui me manque parfois …

~ Et finalement : scientifique ou littéraire ? ~

Même si j’aime mon métier, je me revendique toujours comme une littéraire et je suis convaincue d’avoir fait une erreur en acceptant d’écouter mes parents et mes professeurs.

Est ce que j’ai déjà pensé à changer de métier ? Oh oui ! Je fais partie de ces personnes qui pensent que le bien être au travail est fondamental. Et je sais que je ne pourrais plus heureuse qu’entourée de livres. Mon rêve absolu est de devenir libraire pour allier mon goût de la littérature et la partie commerce que j’aime également beaucoup. Mais actuellement, ce n’est pas encore un projet envisageable car il faudrait que je démissionne et reprenne les études (je vous ai déjà dit que je n’étais pas scolaire ? lol). Je suis donc toujours en recherche d’une solution miracle (et à moins de 2700 euros HT – prix pour une formation de reconversion professionnelle proposée par l’INFL). D’ailleurs si certains d’entre vous connaissent ou ont déjà fait une formation à distance chez Exxéa, je veux bien que vous me partagiez votre expérience 🙂

Et pour ceux qui, au contraire, serait intéressé par mon métier, vous pouvez tout à fait vous renseigner sur les sites du gouvernement en tapant « ATRF » où vous pourrez tout savoir sur les modalités de concours, les grilles de salaire etc ! 🙂

Et voilà, c’est terminé pour cette petite (mais un peu énorme quand même) tranche de vie ! Et vous que faites-vous dans la vie ? Quelles études, quel boulot ? N’hésitez pas à partager, que je me sente moins seule avec cet énorme monologue x)

 

 

15 réflexions sur “Tranche de vie #2 : mon métier

  1. Ouah, c’est super intéressant ! Je ne connaissais pas du tout ce métier, même s’il est facile de le situer grâce à tes explications (et aussi le fait que j’ai été à l’école LOL). Je comprends parfaitement ta gêne lorsque l’on te demande ton métier. Les gens ont parfois du mal à comprendre le mien ^^.

    Sinon, j’espère que tu passes une très bonne lecture avec Animas. Personnellement, je l’avais adoré 😉 !

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      • Je pense quand même que la ressemblance avec HP, c’est quelque chose que les lecteurs se mettent en tête parce que personnellement je ne trouve pas que c’est si semblable, il y a même peu de ressemblance, même au niveau des personnages.

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      • Pour beaucoup d’ouvrages, oui, je suis d’accord avec toi. Beaucoup comparent La Passes-Miroir à HP et je ne comprends toujours pas pourquoi, d’ailleurs.
        Par contre, pour Animas, j’ai quand même trouvé ça flagrant pour les références à l’univers : le train menant à l’école, le chavage, le professeur un peu excentrique… 😉

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      • Oui c’est vrai. Et pourtant, pas de magie, pas de directeur attachant et farfelue, des origines inconnues, des amis audacieux, un lien avec la nature et les animaux omniprésent et même un certain côté steampunk (que j’ai adoré d’ailleurs). Je ne sais pas, j’ai tellement aimé ma lecture que je trouve que ce n’est pas lui rendre justice que de juste le reléguer à « une histoire à la HP » comme je l’ai vu sur beaucoup de blogs et chaînes booktube :/

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      • Ah, c’est sûr que l’intrigue emprunte son propre chemin, ensuite ! C’est pour ça que j’ai tant adoré l’histoire 😉. J’ai carrément eu un coup de cœur 😍 !
        Du coup, je suis d’accord avec toi ; cette saga mérite qu’on lui rende son identité propre ! 😉

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